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Écritures manifestes

Ciao mondo!

Je ne parle, ne lis ni n’écris Italien. Mais la nouveauté de l’initiative dans laquelle je me lance aujourd’hui me donne l’envie de garder l’intitulé d’origine de ce premier article, en référence à l’hébergement militant du blog. Autistici/Inventati, merci !

Pourquoi ce blog ?

France, été 2020. Alors que la canicule s’invite par intermittence, brûle les épidermes et assèche les gorges, le peuple indiscipliné semble manquer à tous ses devoirs. Porter le masque, obéir à l’exécutif et faire acte de servitude volontaire, pour que rien ne change et que la norme ébranlée par une énième crise systémique termine sereinement de s’ébrouer.

Cela fait des mois que l’envie de donner naissance à un espace numérique de réflexion et d’action germe. Mouvement des Gilets jaunes. Mobilisation contre la réforme des retraites. Pandémie de la Covid-19. Confinement inédit de la nation France. Beaucoup d’évènements se sont produits en peu de temps. Des séquences lourdes de sens, de symboles et d’espoirs mais aussi de craintes, de peurs et d’éventuelles résignations.

Automne 2020. La rentrée. Scolaire, sociale, culturelle, économique… Le choix est vaste mais se résume en un mot : politique. Une rentrée qui s’annonce explosive. Peut-être suis-je trop enthousiasme, ou trop pessimiste. Soit. Il n’empêche que je vois mal comment il pourrait en être autrement au regard de l’inadéquation des mesures gouvernementales prises par rapport aux enjeux et aux maux de notre époque.

C’est dans la perspective de cette rentrée que je me décide à passer à l’acte et à mettre en ligne arts 2 luttes. Une nouvelle aventure, donc, qui se veut plurielle : à la fois libertaire, radicale, émancipatrice et collective.
Lutter contre toute forme d’autorité et les institutions qui usent et abusent de ce principe.
Refuser les compromissions, interroger les causes « à la racine » au lieu de panser les conséquences.
S’affranchir de nos servitudes et de nos préjugés. Reprendre du pouvoir de penser et d’agir, affirmer nos légitimités, matérialiser nos rêves.
Faire ensemble, par nous-même et pour nous-même.

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« Dansez, dansez, sinon nous sommes perdu·es. »

Pina Bausch (apocryphe)

L’anonymat comme combat

À l’heure de l’individualisme triomphant, de l’égo roi, des idoles de l’art marchand, revendiquer l’anonymat est devenu une lutte. Probablement incongrue pour certain·es. Considérée comme hautement soupçonnable pour d’autres. Le règne du « je n’ai rien à cacher ! » est bien en place, et pour un moment. En attestent les nombreuses applications mobiles, sites Web et autres outils connectés que nous utilisons chaque jour afin de, soi-disant, nous faciliter la vie.

Mais tout ceci n’est pas une fatalité. Des résistances existent. Des bonnes pratiques également, à commencer par les logiciels libres et la cryptographie. Ou arrêter d’utiliser son identité civile à tout va sur les internets.

Aussi, tous les articles rédigés sur ce blog le seront sous pseudonyme, sous alias, aka. Certaines personnes reconnaîtront les plumes, d’autres non ; trouveront cet îlot de résistance via l’intermédiaire des auteurs et des autrices, ou par leurs propres moyens. Peu importe, dirons-nous. L’important c’est que la connaissance circule. À l’exception peut-être de nos identités. Alors merci de réfréner votre éventuelle curiosité à ce propos et de ne forcer la « sortie du placard » de personne.

Ayons néanmoins conscience que le risque zéro n’existe pas. Que cette utopie pirate naissante reste un lieu public numérique facilement accessible et peu protégé. Mais peu c’est déjà quelque chose, et l’acculturation collective peut commencer dans ce terreau.

On veut tout

Les générations passent mais ne se ressemblent pas. Époques, parcours, perspectives de vie et d’épanouissement diffèrent. Le début du vingtième-et-unième Siècle agitait encore le flambeau du réformisme avec un peu de conviction. Abolir le capitalisme par la prise du pouvoir pacifique et démocratique – ou plutôt électorale, ce qui n’est clairement pas la même chose. Porter une transformation sociale dans le cadre de ses institutions. Et désarmer les méchant·es en mettant des fleurs dans les canons de nos fusils. Il faut reconnaître que cela a un certain pouvoir de séduction…

Aujourd’hui, le réformisme a fait long feu. Incapable d’enrayer la casse méthodique du bien commun par le prédateur aux mille visages, il devrait s’avouer vaincu et laisser la place à moins tiède que lui. Il n’en est rien, le réformisme est tenace. Il déjà goûté au fruit défendu et ne supporte pas la perspective d’un sevrage définitif.
Le réformisme EST le système. Et le système nous tue.

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« On ne veut pas des miettes, on veut la boulangerie. »

Anonyme

Nous vivons une époque de combats. Et ça ne va pas aller en s’arrangeant, soubresaut après soubresaut, crise après crise. Se battre n’est pas du goût de tout le monde. Mais ce n’est pas non plus l’apanage de quelques-un·es. La bagarre est affaire de savoirs, et le savoir ça se partage. Chacun·e à sa manière peut y trouver une place qui lui correspond, contribuer à l’avènement d’un monde meilleur, plus égalitaire, plus juste, sobre, soutenable. Davantage rempli de chants, de blagues et de rires. De danses, de rencontres et d’amours. De passions, d’attentions et de consensus. De démocratie, en somme. Mais ce monde ne pourra qu’être arraché des griffes d’adversaires tenaces et en position de domination, une fois que leur domination aura cessé.

Paver ce chemin est un processus long. Long et frustrant quand nous voudrions aller vite. Prendre le temps est donc une nécessité pour ne pas brûler d’étapes, se tromper de cibles et manquer dans le processus d’opprimer nous aussi les moins fébriles, de blesser les plus fragiles.

Ce blog se propose donc d’être un espace d’échanges et d’acculturations, où écritures de fiction, réflexions théoriques et récits du réel viendront se compléter, se tolérer et irriguer les pensées singulières de qui souhaitera s’en saisir. Ceci afin de s’autoriser, ne serait-ce qu’un instant, à croire en des lendemains plus chaleureux.

L’ordre moins le pouvoir

Sur arts 2 luttes, la ligne éditoriale sera en perpétuel mouvement. L’idée est de ne pas figer ce projet dans l’immobilisme alors qu’il débute tout juste. Pour autant, quelques catégories existent déjà et se rempliront de contenus divers au fil du temps.
En voilà un aperçu non-exhaustif :

  • Écritures manifestes : des déclarations écrites et publiques exposant divers programmes de réflexion et d’action sur le monde contemporain.
  • Correspondances épistolaires : publications de correspondances manuscrites ou dactylographiées entre personnages fictifs ou réels, liées entre elles par une unité thématique.
  • Cartographies sensibles : réalisations et études de cartographies diverses, tant capables de toucher autrui par leur portée symbolique ou poétique, que de nuire aux entités qu’elles concernent par leur caractère et les informations qu’elles contiennent.
  • Hypothèses imparfaites : exercices d’écriture uchronique, utopique ou dystopique.
  • Carnets de chantier : états d’avancement réguliers des différents projets artistiques et activistes publiquement présentés sur ce blog.
  • Brèves de civilisation : exercices rédactionnels en trois ou quatre phrases maximum, visant à synthétiser, partager et documenter une actualité (inter)nationale.
  • Fiches de culture : résumés des concepts traités dans une œuvre, des thèses développées par l’auteur·trice, suivis d’une analyse succincte. Basés sur le principe des fiches de lecture, s’étendent aux champs de l’audiovisuel, du spectacle vivant, du (vidéo)ludique et plus encore.

Le rythme de publication reste à définir mais se veut régulier, et évoluera en fonction de la disponibilité de l’équipe éditoriale.

Le mot du début

Le principal souhait formulé ici est que ce blog puisse vous apporter quelque chose. N’hésitez donc pas à suivre son actualité, à faire des retours sur les contenus que vous y trouverez, à prendre le crayon ou le clavier et à vous sentir libre d’y contribuer à votre tour.

Ne laissons personne nous dicter ce que nous devons faire ou penser. Écrivons les histoires que nous voulons voir advenir. Et tentons, en toute humilité, de contribuer à changer le monde.

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« Si je ne peux pas danser, ce n’est pas ma révolution. »

Emma Goldman